Nous avons été conçus ainsi par la nature : à part les solitaires purs et durs, en général nous cherchons tous plus ou moins à faire partie d’un groupe, qu’il soit amical, sportif, politique ou autre. Les jeunes, surtout les garçons, aiment souvent faire partie d’une bande, pas forcément une bande de voyous d’ailleurs. Ils se sentent bien quand ils sont ensemble. C’est un sentiment très fort d’appartenance qui me semble être du même ordre que ce que d’autres peuvent ressentir dans le fait d’appartenir à une même famille. On se sent plus fort quand on se croit unis par un tel lien d’appartenance.
Ce sentiment d’appartenance au groupe que nous partageons aussi avec de nombreuses autres espèces animales, en particulier les chimpanzés, nos plus proches cousins, possède un corollaire qui rend ce sentiment ambigu. En effet, on pourrait penser que ce sentiment est bon en soi, dans la mesure où l’union faisant la force, à plusieurs on est mieux à même de se défendre contre d’éventuels agresseurs, et ça me semble très juste. A priori, ce serait donc un sentiment très positif en soi, sauf que la nature humaine est ainsi faite qu’on a généralement tendance à trouver toutes les qualités (c’est très schématique et caricatural, je l’admets, car les choses sont beaucoup plus compliquées dans la réalité) au groupe auquel on appartient et tous les défauts aux autres dont on ne fait pas partie, et qu’on est enclin à considérer comme rivaux si ce n’est comme ennemis, ce qui conduit très logiquement à développer à leur encontre un sentiment d’intolérance. Donc du sentiment d’appartenance naît un sentiment d’intolérance, dû me semble-t-il au fait que nous sommes tous plus ou moins en compétition les uns les autres pour tout ou presque.
Le nationalisme, à propos duquel François Mitterrand avait dit que cela voulait dire la guerre, fait partie de ce sentiment d’appartenance dont il est question ici, quand bien même on viendrait à l’appeler autrement pour brouiller les pistes. En effet qu’on appelle ce sentiment nationalisme ou souverainisme ou encore patriotisme ou comme on voudra, ça reste toujours le même produit dans le flacon auquel on aurait juste changé l’étiquette.
Donc j’en déduis que la guerre est inscrite dans notre nature, nature à laquelle il est toutefois possible d’échapper comme nous le prouve le fait qu’il existe des individus solitaires qui ont donc réussi à se libérer de la jouissance d’appartenir au groupe. Étaient-ils ainsi naturellement solitaires, je ne le crois pas dans la mesure où étant des animaux sociaux nous sommes, je pense, amenés à aller vers les autres et communiquer avec eux. Mais apparemment, les individus devenus solitaires étant là pour nous le prouver, nous pouvons nous défaire de cette inclinaison et de son travers.
Cela dit les vrais solitaires sont quand même plutôt rares. On n’en croise pas un tous les jours, ce qui est même plutôt normal dans la mesure où étant solitaires ils font en principe tout ce qu’ils peuvent pour nous éviter.
Quoi qu’il en soit à moins de lutter en notre for intérieur contre ce sentiment d’intolérance qui résulte du sentiment d’appartenance qui lui est d’une certaine manière associé, il y a fort peu de chance que les conflits, qu’ils soient armés ou pas, disparaissent de nos sociétés, qu’elles soient primitives ou modernes. Donc pour résumer, ça craint !
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