De Gaulle avait dit que les possédants étaient possédés par ce qu’ils possèdent. Et aujourd’hui, ce qu’on possède se mesure en argent. L’argent devrait circuler et non être concentré entre quelques mains. Il fait, dit-on, un bon serviteur, mais un mauvais maître, car derrière l’argent il y a bien sûr le pouvoir. L’argent, c’est du pouvoir d’achat, et comme chacun sait : tout s’achète, vraiment tout ou presque peut-être. Dans nos sociétés modernes, de l’argent il en faut évidemment un minimum pour vivre, mais quand il devient une finalité n’est-ce pas qu’on est déjà tombé dans le piège, celui du pouvoir. Le pouvoir en effet est un piège : on croit le posséder et c’est lui qui vous possède. Régis, lui, de l’argent, il en avait déjà beaucoup, voire à mon avis beaucoup trop. Ce qu’il voulait à présent, c’était régner. En un autre temps, il se serait bien vu à défaut d’être carrément roi, au moins seigneur d’une partie du royaume. Mais aujourd’hui, c’est le peuple qui est souverain. Pour pouvoir « régner », il faut donc recevoir en quelque sorte son onction, tout comme jadis L’Église participait au sacre du roi. De nos jours, c’est généralement le peuple qui accorde par l’élection le pouvoir que ceux qui sont censés le représenter pourront exercer en son nom. Ça, c’est le principe, car dans les faits, nombreux sont ceux qui exercent le pouvoir soi-disant au nom du peuple mais en réalité à leurs seuls profits, tout comme d’ailleurs autrefois déjà bien des rois qui devaient exercer leur pouvoir au nom de Dieu, l’exerçaient en fait rien que pour eux-mêmes. Ne vivant hélas plus pour lui à cette époque merveilleuse, et n’ayant pas les moyens, ni la chance probable, car c’est aussi beaucoup une question de chance, de devenir président, il s’affaira à devenir maire de sa ville. Il rêvait d’honneurs, de respect, et de crainte aussi que pourrait inspirer aux autres sa personne. Il voulait au fond qu’on le sollicite, qu’on lui demande des faveurs, qu’on le prie en quelque sorte, comme d’une certaine manière on le fait avec Dieu, afin qu’il puisse user de son pouvoir discrétionnaire (certes encadré par la loi, enfin en principe, car la loi, elle aussi, peut être sujette à interprétation), accordant tantôt ses faveurs à certains et les refusant à d’autres, le tout sous couvert de légalité au moins apparente. Pour y parvenir, il allait devoir promettre à ses électeurs ce que ses électeurs attendaient qu’il leur promette, même si ces promesses étaient contraires à ses idées ou principes, car oui mêmes les dictateurs dans l’âme peuvent avoir des principes. Et le problème, c’est que si on ne respecte pas ses promesses, en général, on a moins de chance de se faire réélire, encore qu’on ait déjà vu l’inverse, l’électorat pouvant parfois être très versatile et volatile. Tenant à se faire réélire, car il fut élu, il dut bien respecter quelques unes au moins de ses promesses, à son corps défendant, le pouvoir n’étant plus à son plus grand regret totalement absolu. Mais ces concessions, quand vint le temps de la retraite qu’il aurait bien aimé remettre à plus tard, lui laissaient dans la bouche comme un goût amer, l’amertume d’avoir dû pour pouvoir exercer le pouvoir se plier à ses exigences, car son pouvoir était conditionné et ça restait en définitive le pouvoir lui-même qui fixait les conditions de son exercice, au grand dam de Régis qui associait dans son for intérieur le pouvoir à l’absolutisme. Si seulement il avait été fan de Spider-man, il aurait pourtant su qu’un grand pouvoir implique aussi une grande responsabilité. Sourire.
Alain G
Le pouvoir
Dernière mise à jour : 8 mars 2020
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