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Alain G

Les brutes

Dernière mise à jour : 8 mars 2022

Nous vivons dans un monde brutal. Les brutes dominent le monde. Il a sans doute toujours été brutal, certes peut-être plus ou moins selon les périodes, mais penser qu’il y eut jadis une époque idyllique où il ne l’était pas du tout serait à mon avis totalement erroné, et je crains hélas que, si l’homme a un avenir, ou même si une autre espèce le remplace un jour au sommet de la chaîne alimentaire, il en soit encore ainsi dans le futur. Car il suffit de regarder évoluer le monde animal pour constater qu’il ne manque pas lui aussi de brutalité. Le monde des hommes ne fait pas exception à la règle, et cela quel que soit le niveau dans lequel on se situe socialement. Ainsi dans les banlieues, les petits caïds qui font la loi et sèment la terreur sont souvent, si ce n’est toujours, les plus brutaux. Et il ne faut pas croire qu’aux échelons supérieurs de la société il en va autrement. Ceux qui licencient par exemple font rarement partie des classes les plus populaires. Ils ont faits des études au cours desquelles on leur a appris froidement que le licenciement était un paramètre incontournable à prendre en considération dans la bonne gestion des entreprises, ce qui déjà en soi est brutal. Mais ceux qui réussissent parmi tous ceux qui ont fait ces études sont rarement les plus doux d’entre eux. Ils sont bien au contraire souvent les plus endurcis, et ne font généralement pas dans la dentelle. Ça ne les empêche pourtant en rien de dormir et de profiter pleinement des avantages qu’ils tirent de leur statut lié à leur position sociale, et c’est même le plus souvent comme ça qu’ils montent en grade, en se montrant les plus durs parmi les durs. On ne dirige qu’exceptionnellement une entreprise en utilisant la douceur, en tout cas moi je n’en connais pas.

Et il ne faut pas croire que dans le cercle familial les choses sont moins dures. Prenons le divorce par exemple, c’est souvent très brutal en tout cas pour les enfants apeurés qui apprennent quasiment du jour au lendemain qu’ils devront vivre avec heureusement le plus souvent leur mère, mais sont aussi obligés, pour ceux qui étaient également très attachés à lui, de se faire à l’idée qu’ils ne reverront plus leur père aussi souvent qu’ils en auraient eu envie.

La brutalité est partout, car en fait les brutes c’est nous, et le pire c’est que nous n’en sommes même pas conscients, ou si peu. Au moins si c’était le cas ne pourrions nous plus nous réfugier derrière les bonnes excuses que l’on se donne pour continuer à agir de la même manière, en se disant que ce n’est pas de notre faute, que c’est la vie qui est ainsi, ce qui n’est pas faux même si ce n’est pas complètement vrai pour autant, dans la mesure où on a quand même notre propre part de responsabilité. Et c’est ainsi qu’on se marie, qu’on fait des enfants en rêvant qu’on leur offrira le meilleur alors même que dès le départ peut-être les conditions matérielles y sont défavorables, et pourtant on le fait quand même en croisant les doigts, et en voulant croire aux contes de fées, alors qu’on a plus du tout l’âge de croire encore au père Noël. Et puis arrive, comme c’était cousu de fil blanc le divorce, et on se déculpabilise en se disant que c’était pas de chance, ce qui sans être totalement faux n’est pas non plus complètement vrai. Car nous avons nous aussi notre part de responsabilité dans la brutalité des événements que l’on contribue à provoquer.

Non vraiment, j’exagère ? Et bien moi je crois que nous sommes des brutes, certes pas tous situés au même niveau de brutalité les uns par rapport aux autres, mais nous y contribuons tous plus ou moins, et si ce n’est pas en agissant brutalement, alors ce sera probablement en se taisant ou en regardant ailleurs pendant qu’on brutalise autour de nous ou à côté de nous, en se disant que de toute façon on ne pouvait rien y faire, ce qui par-dessus le marché n’est pas entièrement faux non plus. Et voilà, on n’en sort pas, c’est le serpent qui se mord la queue. Nous sommes des brutes et qui plus est des brutes sans doute hypocrites.

On adopte un chat ou un chien pour l’abandonner aussi vite à la manière d’un enfant qui se lasse de son jouet. Mais on est plus des enfants, ou alors des enfants qui se veulent pourtant être parents.

Tant d’irresponsabilité engendre beaucoup de brutalité, il ne faut pas s’en étonner.

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